dimanche 11 septembre 2011

France, régime policier

Juin 2011, Paris
     En Juin 2011 j'ai passé le mois entier à Paris. En tant que "provincial", cela faisait longtemps que je n'avais pas fait de séjour prolongé à la capitale. L'atmosphère que j'y ai découvert est étonnante, presque inquiétante.   
     Dès le premier jour, je me baladais place de la Bastille et je vois passé devant moi une colonne d'agents des forces de l'ordre en armures ultra-modernes. Il courraient pour rejoindre leurs collègues qui semblaient s'affairer autour d'une foule devant l'opéra Bastille. Je dis "foule", en réalité ils n'étaient guère plus nombreux que les forces de l'ordre, ces dernières étant arrivées en masse pour contrôler une situation qu'ils devaient considérer de "crise", menaçant "l'ordre public" et la "sécurité des citoyens". Très diplomates, des agents des forces de l'ordre empoignèrent un homme qu'ils emmenèrent avec eux avec la plus grande douceur et le plus grand soin. Leur intervention fut d'une efficacité remarquable puisque toute la foule la remarqua et vociféra de plus belle. Les badauds étaient de plus en plus nombreux. Mais évidemment, devant un barrage de malabars en costumes de super-vilains, la protestation fut contrainte de rester contenue!
      Durant le mois je vis plus de policiers, de gendarmes et de CRS que durant toute ma vie entière. Je suis resté choqué par leur omniprésence et la façon dont ils jouent de l'intimidation. La scène la plus représentative de ce nouveau rôle de la police s'est produite lors de ma dernière semaine. Aux environs du musée Rodin se déroulait une manifestation. Deux ou trois centaines de jeunes, vêtus de blouses blanches, procédaient à un sitting, étendus sur le sol, bloquant la route. Munis de banderoles et d'un ou deux mégaphones, ils protestaient contre la fermeture d'un laboratoire, dans une ambiance décontractée. C'est cette dernière qui m'a interloqué. En effet moi-même j'étais loin d'être décontracté en regardant le barrage de police qui leur faisait face. Au premier coup d'œil je repère au moins 8 fourgons de police, dont certains mis en travers de la route pour faire barrage. Les agents des force de l'ordre étaient alignés devant ce barrage, bras croisés, droits dans leurs armures. Bien entendu la présence de la police était nécessaire pour prévenir tout débordement. Mais une présence si massive, on ne peut pas en douter, a pour but de décourager l'expression du mécontentement des citoyens.
   A partir du moment où la police est là pour faire peur, on peut se poser des questions sur l'état de la démocratie. Dans une république démocratique, la police est l'instrument du respect des règles définies par la Nation pour que la vie citoyenne puisse se dérouler convenablement et que chacun puisse vivre sans se sentir menacé. En France actuellement nous avons affaire à une police déshumanisée, habillée d'une armure noire et équipée de flash-balls et de tasers qui sont autant d'instruments de terreur. Elle est aujourd'hui au service d'un gouvernement et de sa pérennité et non de la Nation. Sa mission est d'intimider, de maitriser, d'écraser. Plus qu'un instrument d'ordre, elle devient de plus en plus un instrument de contrôle.
   Notre gouvernement insiste sur le fait que la présence policière permet un sentiment de sécurité. On peut se demander le sentiment de sécurité de qui... Syndicalistes, jeunes, immigrés et descendants d'immigrés comprennent bien aujourd'hui la fameuse phrase de Coluche "C'est bizarre, mais moi, plus ya de flics, et moins je me sens en sécurité!"

2 commentaires:

  1. Ce n'est pas moi qui le dit!
    http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2011/09/15/peut-on-obliger-les-policiers-a-violer-la-loi/

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  2. En réalité, le nombre de policiers ne fait que diminuer depuis ces dernières années...Il ne faut pas se fier à Paris où est concentrée la plupart des efforts opérationnels et techniques du fait de la menace terroriste. Bref, on est très loin de l'Etat policier "fascisant" que tu sembles aimer à décrier.

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