La génération perdue. On me l’a répété tellement
de fois que j’ai fini par y croire. Ils disent que c’était mieux avant. Mais
avant c’était quand ? C’était quand ils étaient jeunes. Mais nous on est arrivé
quand cette période-là s’achevait. Notre vie à nous ne leur renvoie que des reflets
ternes de leur âge d’or à eux. Tu es arrivé trop tard. Apparemment tu ne
connaitras ni la solidarité des campagnes ni les merveilles de l’urbanisme. Tu n’as
plus de valeurs et tu ne partageras jamais de vrais moments avec tes pairs. Tu
n’y es pour rien, c’est la faute au changement, aux technologies, à l’effondrement
de la morale républicaine ou même à la chute d’Adam. Mais pourtant on te le
reproche. Tu es un moins que rien, t’arriveras jamais à la cheville de ton
grand-père, qui lui faisait le sale boulot les manches retroussées pendant que
toi tu fumes de la weed en faisant des tours de scooter. Seulement voilà, Papa
a bien travaillé à délocaliser le sale boulot en Zambie, du coup même si tu
voulais, tu pourrais pas. Et puis de toute façon à quoi bon bouger ton cul si c’est
pour faire de la merde. Tout ce que tu feras ce sera moins bien. Moins bien que
quand, que quoi, je sais pas. Ce qu’on sait c’est qu’il y a plus de métiers,
tout fou l’camp ! Ta grand-mère te regarde d’un air désolé alors que tu
mets ton costard pour aller à ton stage à la banque, apprendre à enfler dans l’oignon
des gens comme elle. Ben ouai mais aujourd’hui on choisit plus ce qu’on fait. Avec
la mondialisation, la compétitivité, les restructurations, les réductions d’effectifs
à Pôle Emploi, il faut pas trop rêver. T’as même plus le droit de rêver !
Le rêve c’est réservé à ton grand-père, quand il a voté le programme du CNR. A
la limite pour ta mère, qui a bien eu droit à son petit Mai 68. Mais toi tout
ce que tu auras c’est la crise de 2008 alors ferme ta gueule. Va rêver sur
facebook et envoie moi des snapchats de ton bulletin de RSA, c’est Papa qui
paye la 3G de toute façon, il te doit bien ça !
C’est des conneries. Ils ne voient rien. C’est le reflet du soleil dans l’eau de leur piscine de merde qui les aveugle. Ils n’écoutent pas non plus. Ils nous disent que c’est plus de la musique, c’est du bruit. Du coup que l’album numéro un dans le monde soit celui d’un groupe de jeunes Français ils en ont rien à foutre. De toute façon c’est pas des instruments, c’est un clavier ! A redéfinir les critères de la réussite au fil des épreuves, on gagnera jamais. Mais on s’en branle. Il y en a qui s’accrochent. Ils montent leur petit business. Ils se mettent en coopérative pour se serrer les coudes face à l’adversité. Ils font un Bac +5 pour pouvoir avoir une chance, même si à la télé on leur dit que de toute façon ils seront smicards. On leur laisse que des choix par défaut dans la rigidité étouffante d’une société qui s’enrhume dès qu’on ouvre la porte. Mais ils les prennent quand même. Ils essayent de plaire. Mais casse donc ton miroir. Il est temps de dire à Papa que tu peux être beau sans costard et qu'entre blanc bonnet et bonnet blanc toi tu choisiras la casquette trucker. S'il faut se barrer on se barrera mais là c’est fini. On rebouche la bouteille de whisky et on se met en route. On renonce à l’héritage pour aller bâtir du neuf. S’il n’y a plus d’espoir ici, on va aller en chercher. Mais faudra pas se plaindre quand on va revenir.
C’est des conneries. Ils ne voient rien. C’est le reflet du soleil dans l’eau de leur piscine de merde qui les aveugle. Ils n’écoutent pas non plus. Ils nous disent que c’est plus de la musique, c’est du bruit. Du coup que l’album numéro un dans le monde soit celui d’un groupe de jeunes Français ils en ont rien à foutre. De toute façon c’est pas des instruments, c’est un clavier ! A redéfinir les critères de la réussite au fil des épreuves, on gagnera jamais. Mais on s’en branle. Il y en a qui s’accrochent. Ils montent leur petit business. Ils se mettent en coopérative pour se serrer les coudes face à l’adversité. Ils font un Bac +5 pour pouvoir avoir une chance, même si à la télé on leur dit que de toute façon ils seront smicards. On leur laisse que des choix par défaut dans la rigidité étouffante d’une société qui s’enrhume dès qu’on ouvre la porte. Mais ils les prennent quand même. Ils essayent de plaire. Mais casse donc ton miroir. Il est temps de dire à Papa que tu peux être beau sans costard et qu'entre blanc bonnet et bonnet blanc toi tu choisiras la casquette trucker. S'il faut se barrer on se barrera mais là c’est fini. On rebouche la bouteille de whisky et on se met en route. On renonce à l’héritage pour aller bâtir du neuf. S’il n’y a plus d’espoir ici, on va aller en chercher. Mais faudra pas se plaindre quand on va revenir.